A venir

Anne Liebhaberg

Creuser/grimper

Du 21 septembre au 13 octobre 2024

vernissage le 21 sept. 15-18h

Tantôt glaces, tantôt terre, les créations d’Anne Liebhaberg tracent des lignes et des pics, où fluctuent des formes mouvantes qui surgissent, s’effacent, se superposent, s’imbriquent, libérant les usages des médiums.

« L’exploration des espaces d’isolement comme les îles, les sommets montagneux, les cabanes aboutissent à une synthèse dans l’écriture : au départ d’une forme plutôt narrative et figurative, la ligne droite et la forme triangulaire se sont imposées.  Le triangle ressort comme une forme emblématique où l’axe vertical et l’enracinement sont sous-jacents, s’imposant comme une nécessité vitale ».

Elle suggère une poésie du dehors et du dedans portée par les formes. Des vagues s’écrasant puissamment sur les rivages pour y laisser un imprimé sur l’écume. Ecumes tracées jour après jour, et aussi traces des blocs de glace flottant, fondant à la surface des immenses espaces planétaires menacés. Le geste met sous silence le paysage, fragment, probablement voué à disparaître.

Une longue suite d’échos se poursuit entre les œuvres exposées, des échos ou des ondes, qui se propagent à travers les éléments visuels; les images et les volumes émergent silencieusement.

Les photographies de bunkers font suite à sa série photographique noir et blanc « Cabanes » où l’objet décontextualisé met en évidence un volume sculptural. Il n’y a pas de cabane ou de bunker mitoyen, l’image nous mène autour de cette solitude centrée qui médite hors du monde. Un univers silencieux. Une vie est-elle possible dans ces abris sans fenêtres ni portes pour permettre à la lumière d’y entrer ou de regarder par dehors?

Mais le bunker ne renvoie pas à un simple lieu de passage anodin dans la campagne ; s’il est aussi lieu de retrait, cette fois il témoigne des grands conflits du passé. Mémoire de l’ineffaçable. Sculpture-trace de l’enfermement, il n’offre aucun ailleurs. L’atmosphère terrestre pourrait venir à manquer. 

Images insondables aussi sur lesquelles elle dessine, avec des traits qui invitent à recommencer à imaginer le refuge pour y vivre ? Comme le souligne Anne Liebhaberg, « Le chaos généré par ces constructions qui se fracturent suite aux glissements de terrain amènent à traiter les formes, les volumes de façon toujours sculpturale (puisque la genèse de mon travail est la pratique de la sculpture) mais radicale. C’est là que le volume, le trait et la photographie s’entremêlent de façon intime ».

Au milieu de ces montagnes, bunkers, rochers, elle creuse les terres comme pour trouver un abri ; au départ de sculptures en terre cuite, le papier marouflé noir et blanc apportent un nouveau point de vue à son travail. 

De dépouillement en dépouillement des formes, elle nous mène à l’absolu du refuge. Refuge de solitude si fort, si primitif que ces images leur confèrent une ambiance de sérénité.