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Cécilia Shishan ( vit et travaille à Genval- Belgique) peint l’enfance et l’adolescence, périodes intenses et formatrices, souvent marquées par des émotions complexes et des souvenirs troubles.
Sa démarche s’articule autour d’une représentation subtile de récits de vie, elle peint les strates invisibles des expériences enfantines. Les peurs, les angoisses, les souffrances vécues par les enfants et en particulier par les filles.
Dans certaines de ses peintures, les face-à-face mettent en scène des adolescents dans une posture presque duelle. Ces compositions traduisent les tensions où les relations interpersonnelles deviennent miroirs de forces et de vulnérabilités. Ces duels implicites reflètent les conflits identitaires et émotionnels de cet âge charnière.
Dans d’autres œuvres, des personnages sont isolés, pris par leurs émotions. Cette solitude visuelle amplifie le poids des souvenirs et des sentiments les plaçant au cœur de l’œuvre, comme une réflexion sur la fragilité et la complexité de l’être en devenir. À travers des choix de couleurs vibrantes et des jeux de transparences, Cécilia Shishan cherche à traduire les ambiguïtés.
Dans ses peintures centrées sur des jeunes pratiquant le skateboard, elle explore une facette unique de l’adolescence féminine, où le sport devient un espace d’émancipation et de solidarité. Contrairement à l’image traditionnelle du skateboard, associée à la compétition masculine et à la domination de l’espace public, ces œuvres célèbrent une approche féminine axée sur le rapprochement social et la création de liens. Les jeunes filles glissent sur des planches, dans un instantané de liberté; métaphore de quête d’équilibre, de mouvement et d’affirmation personnelle. Avec des couleurs vives et le geste fluide, elle traduit à la fois la légèreté et la détermination, suggérant aussi un moment de répit et d’autonomie dans une société encore largement influencée par les normes patriarcales.
Ces scènes s’intègrent dans sa démarche globale, interrogeant les défis de la jeunesse. Ses peintures illustrent la capacité des adolescentes à se ré-approprier des espaces traditionnellement masculins, à se libérer des attentes rigides de la société et à construire des identités dans un monde souvent hostile à leurs aspirations.
Ce parallèle avec le reste de son œuvre montre comment, dans cet univers, les jeunes générations deviennent des vecteurs de transformation, révélant les tensions et les potentialités d’une jeunesse à la fois vulnérable et résiliante.
Par des couches multiples de peinture, jouant avec les textures et les transparences pour suggérer l’accumulation des souvenirs, elle convoque l’abstraction, par des coulées, des éclaboussures ou des traces, perturbe la perception initiale, reflétant le flou des souvenirs d’enfance et les émotions imprévisibles des jeunes années.
Avec rigueur, énergie et une curiosité insatiable, elle mène depuis de nombreuses années ses recherches en interrogeant et célébrant l’enfance et l’adolescence, les peignant comme des périodes d’intense introspection, miroirs de nos mémoires et émotions.