A venir

L’exposition présentée propose une réflexion picturale et poétique sur l’œuvre d’Isabelle Nouwynck, explorant ses inspirations, sa démarche artistique et son rapport aux éléments naturels et culturels au fil des années.
Son approche picturale s’apparente à une quête initiatique, où les formes ne sont pas simplement représentatives, mais participent à une présence, à un dialogue avec l’espace et le spectateur. Ses séries, ancrées dans l’humain et s’ouvrant au paysage, mêlent couleurs subjectives et sables récoltés lors de ses déambulations, éléments omniprésents dans ses compositions.
Cette quête rejoint le cheminement évoqué par Herman Hesse, qui dépasse le simple déplacement géographique pour devenir un voyage intérieur, où l’expérience du monde, la solitude, la souffrance et la contemplation façonnent l’être. À travers ses différentes séries, Isabelle Nouwynck interroge notre propre parcours initiatique, affirmant que nous avons toujours le pouvoir de choisir, sans jamais rompre avec nous-mêmes.
Puisant son inspiration au-delà de l’Occident, elle explore les arts anciens d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, où elle perçoit des possibilités infinies. Dans son œuvre comme dans ces cultures, la pensée guide inconsciemment la mise en peinture des formes. Celles-ci ne s’arrêtent pas à leurs contours : elles sont des « Gestalt », des présences qui se révèlent de l’intérieur. Elles ne représentent pas un sujet, mais servent une aura, un souffle qui rythme, émeut et poétise l’espace.
Cette approche fait écho à la pensée orientale, notamment à la peinture chinoise, ainsi qu’au travail du philosophe Henri Maldiney, trop peu connu. Ce dernier affirmait que « l’art est la perfection des formes imparfaites », et que « la peinture peut être une entrée en présence dans l’ouvert ». De même, chez Isabelle Nouwynck, la figure devient une ouverture. Son œuvre invite à s’y confronter librement, à accueillir ces formes selon sa propre sensibilité.
À l’instar de la poésie, où le dernier mot éclaire le premier, la peinture contient toutes les formes possibles, à la manière d’une monade.
Si la plupart de ses œuvres sont réalisées en atelier, leur inspiration vient d’ailleurs. Certaines séries sont conçues avec du sable collecté au gré de ses promenades dans la nature ou même dans un bac à sable pour enfants. Elle peint également face à l’océan, y puisant l’eau pour l’intégrer à ses toiles, qu’elle recouvre ensuite de sable, s’immergeant totalement dans ces éléments naturels.
Les montagnes occupent aussi une place essentielle dans son imaginaire. Fascinée par les reliefs de la Drôme et des Pyrénées, elle est particulièrement attirée par le Pic d’Anie, dont l’ascension de quatre heures à travers un océan de pierres calcaires exerce sur elle une véritable aimantation. Cette montagne devient alors le sujet central d’une série de peintures. Cependant, elle ne la restitue pas dans ses moindres détails, mais en propose une évocation mouvante, en variations et en brumes, comme un tourbillon des sommets, un vertige du paysage. À l’image de Cézanne, qui peignait la montagne Sainte-Victoire sous l’emprise d’une fascination pure, Isabelle Nouwynck traduit en peinture l’émotion brute que lui inspire ce sommet.
À travers ces références et ces explorations, son art s’inscrit dans une tradition tout en ouvrant de nouvelles voies. Son usage du sable, de l’eau et du paysage traduit un lien intime avec la nature, retranscrit par une approche sensorielle, méditative et poétique.
Enfin, cette ligne d’œuvres se nourrit aussi de la poésie : l’artiste a collaboré et illustré les recueils de plusieurs poètes, dont Philippe Lekeuche, Véronique Wautier et Christophe Mahy.